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SUD-OUEST - Janvier 1968

Le premier aéroglisseur marin français

qui sera présenté le 8 janvier à Bayonne

pourra transporter 90 passagers


Le N 300-01, premier aéroglisseur marin français capable de transporter 90 passagers à 100 km/h, sera présenté à la presse le 8 janvier, à Bayonne, où il a été construit.

Le N 300-01 et son suivant, le N 300-02, doivent être mis en service à partir de juin prochain le long de la Côte d'Azur. Un autre appareil, le N 500 (450 passagers et 50 voitures, à 120 km/h) est actuellement à l'étude, et pourrait assurer des services sur la Manche ou vers la Corse.

Annonçant la sortie du nouvel appareil, M Abel Thomas, président-directeur général de la Société d'études et de développement des aéroglisseurs marins (S.E.D.A.M.), a déclaré, hier, dans un communiqué : "Le premier N-300, qui vient d'être terminé dans les ateliers de Bayonne avec le concours actif de Breguet-Aviation et de Nord-Aviation, a commencé ses premiers essais au point fixe le 1er décembre 1967. Ainsi, moins de deux ans ont suffi, depuis que la S.E.D.A.M. s'est constituée en société anonyme en avril 1966, pour que sorte le premier aéroglisseur commercial français, développé à partir des procédés Bertin et réalisé sous la direction technique de M. Charles Marchetti.

Cette réalisation, a jouté M. Thomas, ouvre une ère nouvelle dans les transports maritimes. En effet, la technique du coussin d'air constitue un moyen révolutionnaire pour s'affranchir du "mur de l'eau" et permettre ainsi des vitesses incomparablement supérieures à celles des navires traditionnels en bénéficiant des avantages spécifiques à la formule, en particulier du caractère amphibie des appareils qui peuvent se poser à terre sans nécessiter d'infrastructure au sol importante et de la charge marchande élevée qu'ils peuvent transporter par rapport à leur masse totale.

La première mission de la S.E.D.A.M. a été d'entreprendre des études technologiques et des essais systématiques sur des appareils expérimentaux, en particulier le N-101 de 500 kilos et le BC-8 de 2,5 tonnes et des maquettes pilotées ou guidées. Parallèlement, la S.E.D.A.M. a entrepris la construction de deux naviplanes N-300 de trente tonnes, transportant 90 passagers à des vitesses de l'ordre de 100 km/h avec des creux de l'ordre de1,50 m, avec le concours des pouvoirs publics : ministère des transports, secrétariat général de la marine marchande, ministère de la recherche scientifique, ministère des armées, ministère de l'aménagement du territoire et du Plan.

Le N 300-01 et le N 300-02, a ajouté M. Thomas, doivent être exploités à partir de juin 1968 le long de la Côte d'Azur, entre Saint-Tropez, Cannes, Nice-Aéroport, Nice-Ville, Monte-Carlo et, éventuellement, San Remo.

450 passagers à 120 km/h

"Les Naviplanes, grâce à leur vitesse et leur caractère amphibie, assureront des liaisons interurbaines rapides et la desserte de l'aérodrome de Nice en offrant un service touristique original. D'autres utilisations de ce navire apparaissent déjà, en particulier, le long de la côte du Languedoc-Roussillon et de la Riviera italienne. Avec la direction générale des douanes, la surveillance des pêches et la Protection civile, la S.E.D.A.M. met au point le N-102 de petit tonnage (3 tonnes) à hautes performances et dont les applications se révèlent, d'ores et déjà, très nombreuses : transport, missions de surveillance, sauvetage, liaisons en zones d'accès difficile, services portuaires, etc

Par ailleurs, avec le concours des grands armateurs français, le S.E.D.A.M. étudie la réalisation du N-500 de 200 tonnes, capable de transporter 450 passagers et 50 voitures à des vitesses de plus de 120 km/h et naviguant sur des creux pouvant atteindre 4 à 5 mètres, pour des services tels ceux de la Manche - pour la S.N.C.F. - ou vers la Corse - pour la Compagnie générale transatlantique.

C'est, déclara M. Thomas, un marché de transport immense qui s'ouvre à la technique des aéroglisseurs marins : 250 millions de passagers par an pour l'Europe continentale, dont 18 à 20 millions pour la France seule. L'armement français est donc un des tout premiers à s'équiper de naviplanes qui sont les prémices d'une nouvelle mutation dans les transports. D'autre part, l'industrie des aéroglisseurs, qui se mettra progressivement en place, est une industrie de pointe, génératrice de nombreux emplois nouveaux et dont les "retombées" technologiques intéressent de multiples secteurs de l'industrie française.

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SUD-OUEST - Janvier 1968

par Michel PARROT-LAGARENNE

Le naviplane N 300-01

gagnera l'Etang de Berre

à bord d'une barge de débarquement


Engin très futuriste, tenant de l'avion dans ses superstructures, avec sa cabine de pilotage, deux dérives et deux hélices, bateau de débarquement dans sa partie centrale, en attendant de recevoir sa cabine insonorisée pour quatre-vingt-dix passagers, le prototype naviplane N 300-01 a fait ses premiers "pas" hier, à la Société d'études et de développement des aéroglisseurs marins (S.E.D.A.M.) où il a été construit.

Comme une "Debs", il a évolué paré des cylindres de caoutchouc de ses "jupes" noires de gala, dans sa partie inférieure, resplendissant sous le soleil, sur la rive gauche de l'Adour, devant la presse et les personnalités de la Côte Basque française et espagnole.

La coque, en alliage d'aluminium léger, recèle deux turbines d'avion Turboméca de 1200 CV chacune actionnant à la fois les hélices pour la propulsion et les quatre ventilateurs qui assurent la sustentation, en soufflant l'air dans les "jupes".

La phase des essais au point fixe, à la sortie d'usine, permit de voir, hier, le Naviplane évoluer sur ses "jupes", se redresser soudain pour s'installer sur ses coussins d'air, dès que les turbines ont été mises en marche. Cette démonstration au point fixe a duré une quinzaine de minutes.

Le prototype sera embarqué le 15 janvier sur la barge de débarquement de la marine nationale. Il gagnera alors, par Gibraltar et la Méditerranée, l'étang de Berre, où il sera lancé et baptisé avant d'essuyer l'épreuve du feu, c'est à dire l'eau, en exécutant ses essais de navigation sur coussin d'air.

Avec sa cabine pour quatre-vingt-dix passagers, il doit entrer en service cet été le long de la Côte d'Azur, où il assurera le rôle d'un véritable autobus marin, reliant, à 120 km/h, l'aéroport de Nice aux stations azuréennes.

Avec ses vingt-quatre mètres de longueur, ses 10,50 mètres de largeur et ses 7,50 mètres de hauteur la coque de 300 (*) tonnes peut absorber des creux de vague de 1,50 mètres et flotter même en cas de panne d'une ou même des deux turbines.

Hier, à Bayonne, son pilotage était assuré par un ingénieur de Centrale, champion de vol à voile, M. Cartry, et déjà marins et capitaines s'entraînent pour prendre place aux commandes dans la cabine des prototypes suivants, qui apporteront une véritable révolution dans la marine traditionnelle, devant laquelle, par la propulsion sur coussin d'air, va s'ouvrir le "mur de l'eau".

SERVICES COTIERS, FLUVIAUX ET D'ESTUAIRES.

En attendant le N 500, gros porteur de 500 passagers à 500 km /h, et les petits porteurs N 100 pour la douane, la pêche et les fleuves africains, ainsi que l'ont précisé dans leurs allocutions M. Abel Thomas et M. Charles Marchetti, voici les services que pourra rendre dans l'immédiat le N300 : services côtiers urbains, avec desserte des aérodromes en bordure de mer : Nice, Marignane, Perpignan, Deauville ; services des baies : Rio de Janeiro, Naples, San Francisco ; services des estuaires : Bordeaux, Le Havre ; services des villes et des archipels ; services des fleuves : Gironde, Rhin, Rhône, l'Afrique, l'Amérique latine et dans les régions enclavées, telles que la Loire, de Nantes à Orléans, sans souci des bancs de sable.

L'ingénieur Bertin a été justement associé à cette grande première à Bayonne-Anglet, berceau des aéroglisseurs marins. Ce n'est pas sans satisfaction qu'il a salué le triomphe de la technique dont il fut l'inventeur et le promoteur, assurant seul, depuis 1957, les recherches et les études jusqu'en 1964, où vinrent l'appuyer les premiers capitaux privés et l'aide de l'Etat pour aboutir aujourd'hui à l'aérotrain et au naviplane.

(*) En réalité 30 tonnes.

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SUD-OUEST - 17 Juin 1968

Le naviplane-II a quitté Bayonne

pour l'Etang de Berre :

Il transportera 90 passagers à 150 km-h.

Mis en chantier début janvier, après l'embarquement du prototype numéro un, le second exemplaire du "Naviplane", l'aéro-glisseur Bertin, construit dans les ateliers de la S.E.D.A.M. à Anglet, a été embarqué lundi dans le port de Bayonne, à bord du cargo "Marie-France", pour gagner l'étang de Berre où il procédera aux essais.
Construit dans la version passagers, l'appareil pourra transporter quatre-vingt-dix personnes, a une vitesse de 145 à 150 kilomètres-heure. Pour lui permettre d'atteindre ce régime, les deux moteurs Turboméca III D ont été surélevés de quatre-vingts centimètres.
Diverses modifications de détail ont également été apportées au premier modèle. C'est ainsi qu'un nouveau procédé a été trouvé pour dissiper les embruns qui pourraient gêner pilote et passagers au cours des évolutions de l'appareil à pleine vitesse.

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SUD-OUEST - 27 juin 1968

DEUX NAVIPLANES EN SERVICE

SUR LA COTE D'AZUR FIN AOUT

Les deux premiers naviplanes français N. 300-01 et N. 300-02 de trente tonnes, qui peuvent transporter 90 passagers * à 100 km-heure vont effectuer, de concert, leurs essais sur l'étang de Berre avant leur mise en service sur la Côte d'Azur fin aôut.
La Société d'étude et de développement des aéroglisseurs marins (S.E.D.A.M.) annonce, en effet, que le deuxième naviplane (véhicule aquatique sur coussin d'air) construit à Bayonne est arrivé hier au centre d'essais de l'étang de Berre.

(*) En réalité seul le N300-02 "La Croisette" est destiné au transport de passagers.

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SUD-OUEST - 18 septembre 1968

LA COTE D'AZUR, COMME DANS UN FAUTEUIL...


Les deux premiers naviplanes français "300-01" et "300-02", qui ont quitté hier matin l'étang de Berre pour Nice, via Toulon, ont mis une heure et demie pour relier ces deux dernières villes. Les deux prototypes ont ainsi réalisé leur première grande liaison maritime sur une distance de 200 kilomètres entre Berre-l'Etang et Nice.
Après escale de contrôle technique à Toulon, les naviplanes ont atterri à l'aérodrome de Nice après s'être présentés devant le front de mer (notre téléphoto spéciale).
Les appareils étaient pilotés par les ingénieurs-pilotes d'essai Cartry et Menard, de la S.E.D.A.M. Ces derniers ont constaté la parfaite tenue en mer des appareils, leur parfaite maniabilité, ainsi que l'excellence de leurs réflexes devant la vague.
Les passagers, de leur côté, ont pu, en longeant les côtes de près, apprécier la diversité des sites qui se succédaient devant leurs yeux depuis Marseille jusqu'à Nice, sous un angle inhabituel pour les touristes.

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PARIS MATCH - 07 septembre 1968 N° 1009

NAVIPLANE :

c'est l'autobus de la mer

Reportage de Jean TAOUSSON, Michel LE TAC


C'est une révolution, mais une révolution franco-anglaise. Après l'hovercraft britannique déjà en exploitation sur la Manche, voici le naviplane français. Les deux pays sont les seuls au monde à pratiquer la technnique des véhicules sur coussins d'air. Les ventilateurs, en pulsant de l'air vers le sol ou la mer, mettent le véhicule en sustentation ; des hélices assurent ensuite sa propulsion.

L'autobus de la mer a été conçu par l'ingénieur Bertin, père de l'aérotrain. Il a vingt-cinq mètres de long, onze mètres de large, huit mètres de hauteur. Sa vitesse de pointe est limitée pour le moment à 55 noeuds (100 km/h) ; elle sera portée dans un an à 120 km/h. Son autonomie de route est de trois heures. Il peut transporter quatre-vingt-dix passagers et affronter des creux de 1,50 m.

Il reliera dans quelques jours pour ses débuts l'aéroport de Nice à Cannes et Saint-Tropez vers l'ouest, à Monte-Carlo et San Remo vers l'est. Mais le polytechnicien Abel Thomas a prévu d'en faire aussi l'autobus des fleuves ; la Loire sera sa première route ; grâce à lui les touristes feront en un temps record le tour des châteaux.

Il est assuré d'avoir toute une génération des grands frères pour traverser la Manche, et des mini-naviplanes qui serviront de taxis marins. Les militaires, eux, rêvent de le convertir en engin de débarquement.

En attendant le naviplane pose un problème aux experts juridiques. Ils n'arrivent pas à dire s'il est bateau ou avion. Aussi le premier naviplane aura deux pilotes : un marin et un aviateur.

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